Jeunes Reporters pour l’Environnement

Des enquêtes pour se confronter aux problématiques locales de développement durable et participer à un concours national et international.

« L’une des valeurs ajoutées du projet, c’est le regard externe de la part du jury qui désigne les lauréats et la possibilité de valoriser ce travail dans le Curriculum Vitae. »
Loredana Estenso Chazel, enseignante de sociologie et de français, Centre de formation professionnelle neuchâtelois (CPNE)

Court descriptif

Se confronter à des problématiques locales de développement durable en réalisant des reportages photo et des articles de presse, voici le défi qu’ont relevé des élèves du CPNE grâce au programme « Jeunes Reporters pour l’Environnement ». Main dans la main, l’enseignante et l’Association « J’aime ma Planète » ont encadré et soutenu des élèves en filière de préapprentissage et de maturité santé sociale intégrée âgés de 16 à 25 ans dans une démarche d’enquête. En groupes, ces jeunes se sont investis dans des sujets qu’ils ont eux-mêmes choisis, formulé des problématiques, mené des recherches bibliographiques, cherché et contacté des acteurs-clés pour des interviews, fait des observations de terrain et manié les règles contraignantes de rédaction journalistiques. Résultat à l’issue de sept mois de persévérance : des reportages « axés solutions » articulant impacts positifs et limites – qui plus est, des projets primés à l’échelon national, en lice pour le concours international.  

Objectifs éducatifs

  • Confronter les élèves à la réalité pour favoriser le développement de savoir-faire (organiser le travail, coordonner le travail au sein d’un groupe, identifier les personnes ressource, prendre contact par écrit, relancer par téléphone, etc.
  • Acquérir une méthode autonome de recherche, de traitement de l’information, de l’image et d’utilisation des sources avec la démarche d’enquête
  • Développer des compétences rédactionnelles en tenant compte des contraintes du journalisme de solutions
  • Développer l’esprit critique et la créativité 
  • Valoriser le pouvoir d’expression 
  • Sensibiliser les élèves aux enjeux du développement durable et à leur complexité, afin qu’ils puissent se situer face au monde en tant qu’individu et citoyen local et mondial
     

Points forts

La langue écrite comme outil d’empowerment

La maîtrise de la langue permet à tous les élèves non seulement d’analyser des textes, mais aussi de formuler, structurer et communiquer leurs idées face à des questions complexes en lien avec les enjeux de durabilité. Le programme « Jeunes Reporters pour l’Environnement » valorise le pouvoir d'expression des élèves, en reconnaissant leur capacité à poser une réflexion et à la communiquer par écrit. Pour les élèves en préapprentissage en particulier, jeunes en transition entre école et monde du travail, être capable de s’exprimer par écrit favorise le sentiment d’autonomie et confère à ces jeunes l’assise dont ils ont besoin pour entreprendre les démarches concrètes en vue de leur future formation et dans leur quotidien. 

Le journalisme de solutions pour s’engager dans une démarche d’enquête positive et critique

Les médias nous abreuvent de messages pessimistes qui peuvent renforcer le sentiment d’impuissance en lien avec les multiples crises actuelles. Face aux discours sur les dérèglements climatiques par exemple, cet impact va jusqu’à causer chez certains jeunes de l’éco-anxiété. Le programme « Jeunes Reporters pour l’Environnement » prend le contre-pied de cette tendance : partant de l’analyse d’une situation problématique, les élèves identifient en premier lieu des solutions concrètes qui contribuent à la résolution de celle-ci. Ils se projettent ainsi dans un futur optimiste. En deuxième lieu, ils pondèrent cette solution en indiquant les éventuelles limites à sa mise en œuvre. Cette démarche développe ainsi leur esprit critique et les prépare à l’exercice de leur citoyenneté locale et mondiale. Elle leur permet de se sentir actrices et acteurs de changements en faveur d’une société durable. Par exemple, au terme du projet, certains élèves du CPNE qui ont travaillé sur le thème de l’urbanisme se sont engagés dans la vie active de la commune.

Le concours comme facteur de motivation

La motivation intrinsèque ou extrinsèque, qui pousse quelqu'un à agir, est un facteur primordial pour la mise en pratique de l'EDD.
Si les évaluations sommatives incitent la plupart des élèves à se mettre au travail, le fait de savoir que l’aboutissement de son travail sera évalué par des professionnels externes à l’école constitue un facteur de motivation supplémentaire. De plus, les solutions proposées dans les articles primés au concours national sont publiées en ligne dans un journal en ligne (https ://urlz.fr/inux), et celles du concours international sur le site « Young Reporters for the Environment » (https://www.yre.global/). Les articles réalisés par les élèves peuvent donc être lus « par la terre entière » ce qui confère une valeur supplémentaire au concours. 
En les mettant au-devant d’un défi, le concours représente un facteur de stimulation particulièrement important pour les élèves en préapprentissage qui ont souvent le sentiment d’être dénigrés parce qu’ils n’ont été accueillis nulle part ou qu’ils sont mis au dernier rang.

Une liberté de choix pour inclure toutes et tous les élèves

Le choix est laissé aux élèves quant au thème traité et au type de reportage, mais les élèves ne sont jamais livrés à eux-mêmes pour autant. « J’aime ma Planète » accompagne les élèves dans les moments charnières du projet, soit l’identification d’une thématique et la rédaction de l’article. 
Par ailleurs, d’entente avec l’enseignant.e et en fonction du niveau de langue des élèves, le choix de faire des reportages photo peut être privilégié. Même si ceci ne réduit en rien les exigences rédactionnelles telles que les règles de citation, cela permet de réduire la longueur du texte et de « donner du courage » aux plus frileux ou à ceux pour qui l’écriture représente un obstacle important. Le reportage photo constitue ainsi également une option pour les classes d’intégration.

L’occasion de se frotter à la complexité des solutions

Les élèves abordent leur thème dans toute sa complexité. Ils découvrent qu’il n’y a pas de solution simple et que celles-ci ont également des limites. Ils perçoivent les interdépendances de leur thème avec d’autres éléments sociaux, économiques ou environnementaux qu’ils doivent présenter dans leur reportage.

 

Etapes et déroulement

Préparation en amont 
  • L’enseignant.e inscrit sa classe sur la plateforme de l’association « J’aime ma Planète ».
  • L’enseignant et sa classe disposent de tout un matériel de préparation et d’accompagnement : manuel d’accompagnement pour l’enseignant, guide journalistique pour l’élève, dossier d’exercices et plateforme de ressources. L’enseignant peut également bénéficier du soutien des intervenants de l’association dans sa classe.
  • En fonction des besoins, l’association vient également en appui des enseignant.e.s. Par exemple, lorsque l’enseignant.e ne dispose pas de connaissances suffisamment étendues d’un sujet, l’association lui propose des liens vers des ressources bibliographiques ou des contenus pertinents.
Préparation de l’activité avec les élèves 
  • Excursions facultatives organisées par l’enseignant.e pour stimuler l’intérêt des jeunes à s’emparer d’un sujet local. 
  • Gestion des aspects éthiques en lien avec les autorisations à filmer, enregistrer et citer ainsi qu’avec les excursions.
Pendant l’activité 

L’activité s'est déroulée d’octobre à mars 2022 pour ces classes.
Le programme « Jeunes Reporters pour l’Environnement » a lieu d’octobre à mars chaque année scolaire mais les enseignant.e.s peuvent adapter la durée et les périodes consacrées au programme selon leurs préférences et leurs disponibilités. 

Première étape :
Un.e intervenant.e de l’association anime un premier atelier de 90’ en classe. Sur sollicitation de l’enseignant.e, des interventions supplémentaires peuvent être organisées pour accompagner les élèves dans leur enquête et trouver des contacts notamment. 

Deuxième étape :
Les élèves travaillent préférablement en groupes de trois. Ils identifient une problématique de développement durable ancrée dans le territoire local et qui les concerne dans leur quotidien. Ils s'approprient des clés de compréhension des enjeux de la durabilité et de leur complexité à l’échelle locale et globale en faisant des liens avec les Objectifs de Développement Durable (ODD). Ces éléments en mains, ils se lancent alors dans l’enquête de terrain proprement dite. Celle-ci consiste à rechercher des informations sur la base de sources fiables, faire des observations, identifier des actrices et des acteurs locaux et mener des interviews.

Troisième étape :
Les élèves rédigent leur article sur la base de règles strictes de rédaction présentées lors d'un deuxième atelier de 45’ animé par un.e intervenant.e de l’association (style journalistique, citations, légendes, bibliographie etc.). L’association coach les élèves dans cette étape-clé du projet. 

Quatrième étape :
Au-delà du concours, l’enseignant.e. pourra choisir de valoriser les travaux de ses élèves de différentes manières : en les diffusant au sein de l’établissement scolaire sous la forme d’affiches, au travers de présentations orales en classe, sous la forme de capsules vidéo (pour les classes « les plus avancées », par exemple les élèves de 2ème année qui réalisent une maturité parallèlement à un CFC).

Après l’activité en classe 

Soumission au concours

  • En mai, les reportages journalistiques finalisés sont soumis au concours national organisé par l’association « J’aime ma Planète ». Les membres du jury national (des personnes issues de différents milieux professionnels en lien avec le développement durable et / ou le journalisme) sélectionnent un reportage lauréat par catégorie d’âge et de participation (Article de presse 12-14 ans, Article de presse 15-18 ans, Article de presse 19-25 ans, Photographie) ainsi que des mentions d’honneur. 
  • Après l’annonce des reportages lauréats, ceux-ci sont transmis pour traduction puis soumis au concours international (Juin).

 

Organisation

Membres :
« J’aime ma Planète » est responsable au niveau suisse du projet pédagogique de classe « Jeunes Reporters pour l’Environnement » (JRE) qui organise chaque année scolaire le concours JRE à l’échelle de la Suisse. Les activités de JRE s’insèrent dans le cadre d’un programme international de la « Foundation for Environmental Education » (FEE), ONG à but non lucratif.
Les membres de « J’aime ma Planète » peuvent apporter une aide ponctuelle à l’enseignant.e ou aux élèves si nécessaire. 

Matériel :
Tout le matériel pédagogique de base est mis à disposition par l’association « J’aime ma Planète ».

Gestion des salles :
Les ateliers ainsi que les activités menées se font en salle de classe. (sauf l’interview qui se fait à l’extérieur)

Moyens pédagogiques

  • Discussions en sous-groupes
  • Démarche d’enquête
  • Reportage
  • Journalisme de solutions 
  • Concours
     

Evaluation

L’évaluation des reportages se décline de deux manières.

Evaluation sommative

La première correspond à l’évaluation sommative des apprentissages liée aux programmes d’enseignement dédiés. A titre d’illustration, les élèves en sciences sociales qui sont évalués sur la méthode reçoivent 3 notes : une note sur la phase d’enquête (par ex., l’identification de ressources pertinentes et fiables, le guide d’entretien et des extraits d’entretien), une note sur la rédaction de l’article ainsi qu’une note sur les capsules vidéo réalisées au terme des reportages (en sciences sociales, cette troisième note devient une note de travail interdisciplinaire). Les élèves de préapprentissage sont évalués sur le français et reçoivent 2 notes correspondant aux deux premières étapes clés ci-dessus.  

Evaluation comme valorisation du travail 

La deuxième est liée au concours au terme duquel chaque participant reçoit un diplôme. Celle-ci représente avant tout un facteur de stimulation externe et peut servir à crédibiliser davantage la valeur du travail réalisé aux yeux des élèves. Elle n’a pas d’incidence formelle dans la formation des élèves, mais peut toutefois être valorisée comme expérience auprès de futurs employeurs. Les élèves peuvent y faire valoir leur persévérance, leurs compétences sociales, méthodologiques ainsi que leur créativité.  

 

Défis rencontrés par l'interviewé.e

Choisir un thème local et original

Durant la phase préliminaire du projet consistant à identifier une problématique locale, deux écueils ont souvent été rencontrés. Le premier a trait au sujet choisi. Il s’agit soit de la récurrence des mêmes sujets chaque année, ou du fait que plusieurs groupes s’intéressent à la même thématique. Dans les deux cas, l’enseignante ne contrarie pas les choix mais les élargit afin d’apporter de nouvelles idées aux élèves.
Le second écueil est lié aux limites territoriales qu’impose un tel projet. Pour des raisons pratiques et afin de respecter l’esprit dans lequel ce projet s’inscrit, à savoir traiter d’un cas local touchant de près les élèves, l’enseignante a dû modérer les ambitions de certains élèves qui souhaitaient mener leur enquête hors du canton. 

Garder ses élèves motivés jusqu'à la fin du projet

Au cours du projet l’enseignant.e doit constamment insuffler de l’énergie à ses élèves afin qu’ils ne décrochent pas et pour qu’ils ne bâclent pas leur travail lorsqu’il s’agit de finaliser leur reportage. Les évaluations sommatives et les deux ateliers en classe de « Jeunes Reporters pour l’Environnement » servent de bornes temporelles et étayent ce travail de suivi et de soutien mené de semaine en semaine.

Récompenser les élèves

Pour couronner la finalisation des articles journalistiques, l’association décerne un diplôme à tous les élèves. Toutefois, face à l’investissement qu’exige un tel projet, l’absence d’un prix « tangible » peut décevoir. Pour pallier ce manque perçu, l’enseignant.e peut envisager de son côté un petit geste pour récompenser concrètement l’investissement de ses élèves.  

 

Facile à reproduire?

Le concours « Jeunes Reporters pour l’Environnement » s’adresse au Sec I (cycle 3) ainsi qu’au Sec II. Ce type de projet est néanmoins plus adapté aux programmes d’enseignement de Sec II qui offrent davantage de liberté et de temps. 
En termes de préparation, le projet ne requiert que peu d’investissement de la part de l’enseignant.e – excepté si il ou elle souhaite organiser des excursions préalables. Le projet est relativement facile à mettre en œuvre, puisque tout le matériel pédagogique est mis à la disposition des enseignant.e.s et que les deux ateliers en classe sont organisés par l'association. 
 

En bref

Mots-clés
Durabilité, ODD
Type de pratique
En classe
Centre de Formation professionnelle neuchâtelois (CPNE)
Nombre de classes
3
Lieu
La Chaux-de-Fonds
Canton
Degré d’applicabilité
moyen terme
Durée
Projet réalisable de septembre à mars chaque année scolaire
Temps de préparation
Séquence d’enseignement clé-en-main, donc préparation réduite
Budget et financement

Accompagnement de l’Association gratuit.
Envisager d’éventuels frais liés aux déplacements, en particulier pour les interviews.
 

Forme d’évaluation
sommatif