
Marie et Reme Jean-François vivent avec cinq enfants dans la ville de Jacmel, sur la côte Sud du pays. Tous les deux exercent la profession de tailleurs. Même si Marie coud nuit et jour, l’argent ne suffit pas pour payer les repas, les frais de scolarité, l’électricité et les réparations de la maison. Ainsi, Reme a mis sur pied un commerce de planches et cultive un bout de terrain. « Comme tailleur, je ne gagne pas beaucoup, car tout le monde porte des vêtements de seconde main », constate Reme avec amertume. Les premiers vêtements de seconde main sont arrivés des Etats-Unis il y a 20 ans.
Pour que les Haïtiens et Haïtiennes considérés comme non solvables par la plupart des banques puissent aussi se permettre des acquisitions d’une certaine importance, ils utilisent un système traditionnel d’épargne et crédit appelé « tontine ». Comme 50 autres personnes, Marie et Reme y déposent, semaine après semaine, une partie de leur salaire. Chaque samedi, l’un des 52 cotisants reçoit le montant total, ce qui lui offre l’opportunité de faire un investissement important. Le grand rêve de Marie serait de rejoindre son père à Miami, d’y travailler et de gagner davantage. Reme espère en revanche qu’il y aura des améliorations dans le pays. Il rêve d’une belle maison, d’une grande voiture et d’un magasin qui lui appartiendrait. Il n’abandonnera cet espoir qu’à sa mort.